SCIENCE ET HISTOIRE LOCALE



      L'histoire contée ci-dessous est celle d'un homme qui a vécu la majeure partie de sa vie dans la partie Sud-Est du département d'Eure & Loir : La Beauce.
      Il s'agit du Docteur Lescarbault, qui fut médecin à Orgères de 1848 à 1872 (une rue y porte d'ailleurs son nom). Mais c'est sa passion presque sans limite pour l'astronomie qui restera dans les mémoires.
      Né en 1814 à Châteaudun, l'adolescent fera ses études au collège Dunois puis à celui de Vendôme, la formation mathématique l'aidera pour sa vocation d'astronome. Puis Edmond Modeste (ainsi se prénommait-il) gagne Paris où il développera sa thèse en 1848.



      Le sujet sur la fièvre typhoïde choisi pour sa thèse n'est sans doute pas un hasard compte tenu que cette épidémie courait en Beauce et en particulier dans le secteur marécageux des "conies".
      Lescarbault fit preuve de lenteur mais aussi de persévérance et d'obstination afin de pratiquer la médecine, et finit par ouvrir un cabinet à Orgères où il exercera son métier de médecin de campagne.

Dr Lescarbault


      Mais sa véritable passion est l'astronomie. A tel point qu'il s'équipe d'un modeste observatoire, unique dans la région.
      Il passe ainsi de longues nuits à scruter le ciel dont les longues descriptions et écrits qu'il rédigera seront échangés avec les grands esprits de l'époque.

Son observatoire

      Parmi ceux-ci, on compte Mr Leverrier, célèbre astronome à l'observatoire de Paris qui fit la découverte de Neptune en 1846, en observant les irrégularités de rotation d'Uranus. Ainsi, Lescarbault envoie à Leverrier en 1859 une correspondance très détaillée indiquant qu'il avait découvert lors d'une unique observation au travers de sa lunette, une nouvelle planète entre le Soleil et Mercure qu'il baptisa Vulcain.



      Cette découverte vaudra à Lescarbault d'être nommé Chevalier de la Légion d'Honneur en 1860, à la demande de Leverrier tant ce dernier avait confiance en cet amateur entouré de multiples instruments et appareils scientifiques. Les calculs réalisés par Lescarbault avaient été notés au crayon comme à son habitude sur une planchette de bois que celui-ci a malencontreusement rabotée pour hélas d'autres usages. Leverrier détermina d'après les données historiques la date du futur passage de la dite planète Vulcain en informant l'ensemble des astronomes. Hélas, la planète ne réapparu pas, ce qui jeta le discrédit sur cette découverte.



      Lescarbault continuait sa double vie de médecin et d'astronome et l'héritage venu de ses parents va apporter un peu d'aisance dans sa vie troublée par les soucis financiers. Dans les années 1870, la guerre qui fit rage dans la région ne bouleversa guère Lescarbault. Il décida de construire une maison équipée d'un observatoire, après avoir cessé toute activité de médecine en 1872. Cette maison fut frappée par la foudre en 1874. Puis les choses ne vont pas bien fort pour notre astronome : Vulcain n'a toujours pas été revue et on évoque le retrait de sa Légion d'Honneur, lui reprochant d'avoir observé une simple tache solaire plutôt qu'une nouvelle planète.



Tache solaire

      Le vieil astronome Leverrier relancera la communauté astronomique du monde entier pour préparer l'observation prochaine du passage de Vulcain en 1877. Aucune trace de planète ne fut observée et cette déception accéléra sans doute la mort de Leverrier.
Lescarbault vieux et ruiné continuera d'observer les cieux à Orgères jusqu'à sa mort en 1894.



      Du Docteur Lescarbault il restera des manuscrits, plus de 150 ouvrages et quelques lettres dont une adressée à Camille Flammarion ainsi que sa thèse "de l'inflammation de l'intestin grêle et de ses rapports avec la fièvre dite typhoïde", pièces conservées à la Bibliothèque Municipale de Châteaudun.
      La passion astronomique de Lescarbault l'amena à s'intéresser également à la gnomonique. Il construisit ainsi en 1839 un cadran solaire horizontal gravé sur une plaque de zinc. Ce cadran peut être observé sur une colonne dans le parc du Château de Villeprévost situé à Tillay-le-Peneux.
      En archives à la bibliothèque de Châteaudun, se trouvent également des manuels anciens de Gnomonique dont certains sont annotés de la main du Docteur.





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