HISTORIQUE DES CADRANS SOLAIRES

Depuis l'Antiquité Chez les Grecs et les Romains Jusqu'au Moyen Age En Europe jusqu'a nos jours


DEPUIS L'ANTIQUITE (4000 ANS):

L'homme a semble-t-il commencé à mesurer le temps depuis la plus lointaine Antiquité par le mouvement du Soleil dont la réapparition quotidienne rythme notre existence. Ainsi, le gnomon, qui signifie "indicateur" en grec était un style permettant, par le suivi du mouvement des astres, de mesurer l'orientation et la longueur de l'ombre portée, afin de diviser la durée du jour (ou éventuellement de la nuit). La maîtrise par les Grecs des heures temporaires (division du jour solaire) marquées par l'ombre d'un piquet vertical semble acquise depuis plus de 2000 ans avant notre ère.
On pense que l'obélisque pouvait indiquer les solstices et les équinoxes, pourtant, elle ne semble pas être un gnomon dans la mesure où sa section carrée, ses arrêtes obliques et ses dimensions (hauteur et largeur à la base) entraînent une imprécision dans la lecture de l'heure.

Cependant, le besoin de mesurer le temps s'est probablement manifesté dans l'Antiquité par l'utilisation de l'eau au travers la clepsydre. Cette idée nous rappelle que mesurer le temps, c'est peut-être aussi prendre le temps de le voir s'écouler... Le liquide contenu dans le récipient supérieur s'écoule par une petite fuite dans le récipient inférieur qui peut être gradué de façon à indiquer un repère de temps. Cet instrument était utilisé lors des procès où le temps imparti à chaque avocat avait son importance. Platon s'est d'ailleurs plaint de tricheries parce que du miel était introduit dans l'eau, ce qui augmentait la viscosité, diminuant ainsi le débit et augmentant le temps de parole de l'avocat...
Les plus belles clepsydres datent de -1450 ans (Egypte), elles pouvaient être utilisées de jour comme de nuit.

Le principe du gnomon a évolué vers une forme améliorant la mesure de la déclinaison du Soleil pour donner naissance au scaphé (signifiant "barque").
Cette invention, vieille de près de 3000 ans, a la forme d'une sphère céleste concave (creusée dans un support) au milieu de laquelle est planté un style droit, orienté vers le zénith du lieu.
A l'extrémité du style est fixée une boule placée exactement au centre de cette demi sphère. Le scaphé n'indiquait pas a proprement parler l'heure, mais précisait dans quelle partie du jour clair la personne l'utilisant se trouvait.

Dans l'Antiquité, les heures dites temporaires étaient le résultat de la division du jour et de la nuit en douze parties égales de la journée, mais différentes d'un jour à l'autre de l'année.

Le nombre 12 correspond au nombre de lunaisons complètes d'une année. Comme chaque heure était censée se trouver placée sous l'influence d'une planète, il est possible que l'origine de la division par 60 provienne du fait suivant:

les Babyloniens (-2000 ans avant notre ère) ne connaissaient que cinq planètes (Mercure, Vénus, Mars, Jupiter et Saturne) plus la Lune et le Soleil considérés aussi comme des " astres errants ". Les 5 planètes associées aux 12 lunaisons donnent ainsi les 60 divisions qui découpent encore actuellement nos heures, nos minutes et nos degrés.
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CHEZ LES GRECS ET LES ROMAINS:

Il y a 2400 ans, les Grecs ont donné le jour à un type particulier de cadran solaire, l'Arachné, dont les courbes horaires dessinées par l'extrémité d'un style droit évoquent une toile d'araignée.
Les styles des premiers cadrans solaires étaient de type droit, c'est à dire orientés vers le zénith (verticale du lieu); il semble que les Grecs aient introduit le style incliné en direction de l'étoile Polaire, donc parallèle à l'axe du Monde, 500 ans avant notre ère.

Un type de cadran équipé d'un style polaire, pointé vers le Nord géographique, dont l'orientation est parallèle à l'axe terrestre, a été découvert en Afghanistan en 1975 et a été daté à –300 ans avant notre ère.
La découverte des premiers styles polaires remonterait à -300 ans en Arabie; en pays musulmans, les mosquées étaient placées sous l'autorité d'un astronome afin de calculer précisément les heures des prières, d'où la grande maîtrise des astronomes musulmans. Ainsi aux alentours du Xième siècle, les arabes ont élaboré de somptueux et rigoureux cadrans. Vers l'an mille apparaît le disque à œilleton permettant de mieux analyser le parcours de l'extrémité du style.

L'inclinaison du style est un tournant dans l'histoire des cadrans avec la prise de conscience de la rotation de la Terre.
En Europe, le plus vieux style polaire connu se situe en Allemagne et date de 1477; en cette fin du Moyen Age et en ce début de révolution culturelle, des savants comme Copernic, Kepler et Galilée contribuèrent beaucoup à l'idée de la rotondité de la Terre, imposant donc une direction du style parallèle à l'axe de Monde. L'intérêt du style polaire est que toute son ombre indique l'heure alors que seule l'extrémité du style droit donne une information qui sort souvent de la table du cadran, d'où l'abandon du cadran canonial vers le XVIième siècle.
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JUSQU'AU MOYEN AGE:

Le cadran dit canonial voit sa conception remonter à -300 ans. Il aura vécu pendant près de 1500 ans. La précision horaire de ce cadran est inexistante puisque le style est horizontal et perpendiculaire à la paroi de l'édifice sur lequel il est fixé. Mais à cette époque, toute information même fausse, si elle est admise par tout le monde, devient juste. Le seul rôle de ce cadran était d'indiquer les heures des prières (matines, tierce, sexte, none et vêpres); c'est pour cette raison qu'il orne les parois des églises, abbayes et monastères. Très nombreux surtout en Angleterre et en Allemagne, ils s'étalent partout en Europe où l'Eglise catholique a pu édifier des abbayes. Son apogée s'étend du Vième au Xième siècle.

Il est étonnant que les moines n'aient pas cherché à améliorer la précision des cadrans par correction des droites horaires ou par l'inclinaison du style. En Europe, les plus récents cadrans canoniaux datent du milieu du XVIième siècle.

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EN EUROPE JUSQU'A NOS JOURS:

C'est vers 1250, en plein Moyen Age, que l'on vit l'apparition de sortes de broche (comme celle pour cuire la viande) dotée d'un système de tambour autour duquel était enroulée une corde alourdie d'une pierre: les premières horloges étaient nées. Les défauts de fiabilité, de remontage du contre poids, etc, furent progressivement améliorés grâce à Newton et Galilée au XVIIième siècle. Malgré tout, l'association du cadran solaire et de l'horloge subsistera jusqu'au début du XIXième siècle afin de pouvoir remettre les horloges à l'heure (les horloges se déréglaient jusqu'à 2 heures par jour).

Les progrès de l'horlogerie mirent en évidence le phénomène astronomique suivant: la Terre tourne autour du Soleil, et ceci avec une trajectoire non circulaire. Conséquence: le temps solaire n'est pas le même que le temps "mécanique", d'où l'élaboration de l'équation du temps sous la forme d'une courbe qui indique les corrections à apporter (plus ou moins 16 minutes) en fonction de l'époque de l'année.

Mais ce sont les chemins de fer qui vont sonner le glas de la gnomonique utilitaire par la nécessité de synchroniser les horaires entre l'Ouest et l'Est d'un pays, ce qui n'est évidemment pas possible avec le décalage donné par l'heure solaire.

Arrivée Départ
Brest (Longitude 4°29' Ouest) Strasbourg (Longitude 7°45' Est)
Plus de 48 mn solaires séparent Brest de Strasbourg.


Aujourd'hui, l'avenir des cadrans se trouve dans la restauration ou la création de véritables œuvres d'art, comme ce cadran conçu par Jean Cocteau (à gauche), ce magnifique cadran entretenu situé à Chamerole (au centre) ou cet ensemble monumental très précis (quelques dizaine de secondes pour ce cadran équatorial de Jaipur en Inde, à droite).

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